Mettre en oeuvre la gratuité : fiche N°6 / Accompagner le changement dans un cadre tripartite
Au-delà des effets sur les habitudes de déplacements des usagers du transport collectif, la gratuité des transports sur les acteurs qui œuvrent à sa mise en place est également très fort. La fiche précédente l'indique : (voir fiche 4 ICI), la gratuité change tant la manière de travailler de nombreux métiers de l’entreprise délégataire que cette transformation est de nature à crisper les positions des salariés concernés : à Nantes, la menace d’une grève syndicale lors du lancement de la gratuité les week-ends en avril 2021 est révélatrice des appréhensions que cette politique publique innovante peut susciter.
Un dialogue social à trois voix
AOM, entreprise délégataire, représentants des salariés : entre ces trois acteurs, c’est finalement un dialogue tripartite qui se met généralement en place dans les collectivités. Décidé par les élus et porté par l’Autorité organisatrice des mobilités, le projet de gratuité comprend un travail de réflexion plus large sur la transformation de l'entreprise délégataire et devient une occasion de repenser collectivement les habitudes de travail des techniciens comme des conducteurs.
Travailler au bon fonctionnement d'un réseau qui devient gratuit peut être vécu comme un saut dans l'inconnu : parfaitement légitimes, les inquiétudes et les retours d’expérience des employés de l’entreprise doivent être écoutés afin de préserver, voire améliorer leurs conditions de travail dans le contexte nouveau de la gratuité totale comme par critères.
Choisir un cadre de dialogue adapté
Les évolutions des métiers et les éventuelles reconversions engendrées par le projet nécessitent de faire partie des enjeux forts mis à l’agenda du dialogue social pour que les Directions et les élus apportent des réponses concrètes aux salariés chargés de mettre en oeuvre le projet. Le Comité Social Economique de l'entreprise, par exemple, peut devenir un premier cadre de dialogue privilégié.
Retrouvez les autres fiches de la série ICI
NB : L’Observatoire rappelle que ces publications relèvent d’un travail effectué à la croisée de deux projets financés par l'Ademe : le premier projet (TEES 2020), conduit en 2020 par les chercheurs de VIGS en résidence à l'AGUR, a permis d’explorer les changements de pratiques et de représentations pour les organisations publiques et privées depuis le passage à la gratuité des transports collectifs à Dunkerque. Il s’est accompagné d’un Workshop, en octobre 2020, dont les échanges (synthétisés ici) nourrissent largement ces fiches. Le second projet, porté cette fois par l’AGUR, a permis de documenter la réalité du transport gratuit dans des contextes territoriaux et financiers variés, ainsi que sur le suivi des indicateurs mis en place par l’Observatoire.
Source et réalisation : OVTG – AGUR – VIGS ; financement ADEME.